Les masques tombent !

Les masques tombent !

30/04/2020

Position commune des présidents des Ordres des professions de santé 

Notre pays connait une crise sanitaire sans précédent. Un état de guerre suivant les mots du Président de la République. Comme en 1870, il ne devait pas manquer un bouton de guêtre à nos combattants. On a vu ce qu’il en a été. Des soignants désemparés par le manque d’équipement de base et notamment les masques.

Nos soignants de la première ligne ont dû faire face à la pénurie. Une mobilisation générale a été organisée pour essayer d’améliorer la situation des personnes les plus exposées. Tous les professionnels de santé ont dû faire face à l’inquiétude. La leur, de devoir assurer leur mission, au nom de l’idéal de santé publique qu’ils défendent. Celle qu’ils ressentaient intensément pour leur entourage proche avec cette crainte permanente d’être porteur d’une contamination pour ceux qui leur sont chers. Et celles enfin de leurs patients à qui il a fallu expliquer sans relâche qu’on n’avait pas les moyens de les protéger comme il le faudrait, soit le contraire même de ce qui fonde nos métiers.

Courageusement, l’ensemble des professionnels de santé ont soutenu et assumé sans faiblir cette ligne. Oubliant les insultes, les procès en irresponsabilité ou incompétence, les vindictes anonymes ou, peut-être pire encore, celles qui ne le sont pas, ils ont tenu la tranchée.

Aujourd’hui, la consternation s’allie au dégoût.

Toute guerre a ses profiteurs. C’est malheureusement une loi intangible de nos conflits. Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution.

Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ?

Comment nos patients, notamment les plus fragiles, à qui l’on expliquait jusqu’à hier qu’ils ne pourraient bénéficier d’une protection adaptée, vont-ils comprendre que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui. 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C’est la surenchère de l’indécence. 

Nul n’aurait reproché à des circuits de distribution grand public de distribuer des masques grand public. C’était là un complément essentiel qui serait venu compléter utilement l’arsenal de défense contre le virus. Derrière le masque, se trouve le vrai visage. Nous, nous garderons celui de la dignité. Celui-ci ne se retrouvera dans aucun rayonnage.

L’heure viendra, nous l’espérons, de rendre des comptes.

En attendant, nous allons poursuivre notre mission de professionnels de santé, car c’est notre engagement. Avec néanmoins l’amertume de se dire que la responsabilité n’est pas la mieux partagée de toutes les vertus.

 

Signataires :

Patrick BOUET, Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins

Anne-Marie CURAT, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Sages-Femmes

Patrick CHAMBOREDON, Président du Conseil national de l’Ordre des Infirmiers

Serge FOURNIER, Président du Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes

Pascale MATHIEU, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes

Eric PROU, Président du Conseil National de l’Ordre des pédicures-podologues

Carine WOLF-THAL, Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens

Infos SENAT , question au ministre de la santé

Épidémie de Covid-19 et situation des chirurgiens-dentistes

15e législature

Question écrite n° 15718 de M. Patrick Chaize (Ain – Les Républicains)

publiée dans le JO Sénat du 30/04/2020 – page 2006

M. Patrick Chaize appelle l’attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la situation des chirurgiens-dentistes, dans le contexte de l’épidémie de Covid-19.
Depuis le début du confinement, ces praticiens ont stoppé leur activité tout en mettant en place un système d’urgences et une régulation téléphonique qui permettent de soigner les patients qui ont besoin de soins bucco-dentaires urgents, tout en limitant l’encombrement des urgences hospitalières ou des appels du 15.
Contrairement à certains professionnels de la santé, les cabinets des chirurgiens-dentistes imposent un plateau technique élevé requérant des investissements financiers conséquents ainsi que des personnels qualifiés. Si le système de chômage partiel permet de limiter les dépenses de fonctionnement, aucune disposition n’a été mise en œuvre concernant les frais d’investissement de ces professionnels. En outre, bien qu’ils souscrivent chaque année des contrats d’assurance, il s’avère que les dispositions qui sont censées couvrir la perte d’exploitation lors de la survenue d’un événement imprévisible tel que la maladie, l’invalidité, l’hospitalisation, les catastrophes naturelles…, ne s’inscrivent pas dans la crise sanitaire actuelle.
Dans ce contexte, les chirurgiens-dentistes ont pris acte du report de certaines charges fiscales et sociales obligatoires. Cette mesure de première urgence a été cruciale, notamment pour préserver l’avenir des plus jeunes qui se sont engagés dans de lourds investissements pour débuter leur exercice. Mais les incertitudes qui pèsent sur la reprise de l’activité des cabinets dentaires ainsi que les charges supplémentaires liées aux mesures sanitaires importantes qui seront indispensables en raison des spécificités de leur métier, rendent cette mesure insuffisante pour garantir la pérennité de tous les cabinets.
Si le système de garde mis en place pendant la période de confinement a permis le désengorgement des hôpitaux, la profession connaîtra inévitablement un fort volume d’activité avec des soins importants à la reprise.
Aussi, afin que tous les chirurgiens-dentistes puissent être en mesure d’assurer leur mission de santé publique dans des conditions qui soient satisfaisantes tant pour eux-mêmes que pour les patients, il lui demande s’il envisage d’organiser un approvisionnement prioritaire, direct et suffisant en équipements de protection, d’autoriser la profession à participer aux dépistages immunitaires en prescrivant des tests sérologiques, et enfin de reporter sur une période suffisamment longue, le paiement des charges, cotisations et taxes obligatoires.

En attente de réponse du Ministère des solidarités et de la santé.