Alors que les syndicats, la CPAM et les mutuelles reprennent le chemin des négociations conventionnelles, Émilie Krai-Simon, chirurgien-dentiste installé dans les Vosges, pointe les dents creuses des discussions en cours.VU 2435 FOIS LE 05/10/2017 À 05:01 MIS À JOUR À 06:521RÉAGIR1 / 5Photo HD Émilie Krai-Simon estime que le débat sur les tarifs élude les enjeux de santé. Photo Patrice SAUCOURT REAGIRLes discussions entre les partenaires sont relancées. Depuis le 15 septembre, syndicats de chirurgiens-dentistes, l’assurance maladie et les mutuelles se retrouvent pour reprendre les négociations conventionnelles rompues début 2017 et portant sur la réforme des tarifs. Le Dr Émilie Krai-Simon, chirurgien-dentiste meurthe-et-mosellan dont le cabinet se trouve à Dompaire, dans les Vosges, note que le règlement arbitral élaboré sous le précédent gouvernement a certes été reporté d’un an (N.D.L.R : au 1er janvier 2019).« Pas les salariés des mutuelles »Mais elle qui milite au sein de l’active Cellule de coordination des dentistes libéraux (CCDeLi) relève surtout les dents creuses du débat, comme ses nouveautés. La principale et la promesse faite par Emmanuel Macron, durant la Présidentielle, d’un « reste à charge 0 » sur les prothèses dentaires d’ici 2022. La Sécurité sociale ne prévoyant pas d’augmenter sa quote-part, les mutuelles n’ont pas tardé à réagir via Thierry Beaudet, le président de la puissante Mutualité française. Il estime que sans plafonnements, le coût pour les complémentaires, pour les seules prothèses dentaires, sera d’un milliard d’euros. Hors de question, fait-il savoir, tout en réclamant aux chirurgiens-dentistes d’accepter des efforts. « Nous n’y sommes pas opposés », répond Émilie Krai-Simon. Encore faut-il savoir de quoi l’on parle. D’abord, et c’est une crainte largement partagée dans sa profession, le système du plafonnement « revient à accepter d’être le salarié des mutuelles ». Un autre risque est de voir les plafonnements baisser les années à venir. Deux perspectives inenvisageables pour des spécialistes qui tiennent au caractère libéral de leur profession. Et puis, il s’agit de plafonner quoi ? Les prothèses ? Ces « Amalgames » encadrés par une convention négociée il y a 40 ans ? Et les implants ? Pour ces derniers ils ne sont pas remboursés. « Or, dessus, il peut y avoir des prothèses. De même que sur les appareils dentaires », insiste Émilie Krai-Simon qui a le sentiment qu’on élude le sujet principal : « la santé dentaire ». À l’entendre, « il est possible de réduire le nombre de caries, de déchaussements (N.D.L.R : la Sécurité sociale ne couvre aucune intervention liée aux maladies parodontales) », dit-elle. Comment ? « Par la pose, de manière préventive, de vernis fluorés, de tests salivaires… ». Autant d’actes en amont qui, « comme en Suisse, en Allemagne et dans les pays nordiques », permettraient de déplacer le curseur d’une politique centrée sur la dépense à une réelle politique de santé dentaire.
Alexandre POPLAVSKY
Source : Edition de Nancy Ville | Dentistes : le débat est-il déjà plombé ?