Près de 30% des Français ont renoncé à des soins dentaires l’an dernier, selon une étude de la MGEN publiée ce lundi. En cause: le coût des soins, et notamment des prothèses dentaires. Invité ce lundi de RMC, le vice-président de l’Union dentaire a rappelé que les dentistes étaient obligés de pratiquer des prix élevés sur les prothèses.
Les trois syndicats de chirurgiens-dentistes appellent à manifester à Paris ce vendredi 3 mars contre la “destruction massive” de la filière dentaire. Ils seront accompagnés des étudiants dentistes, en grève depuis le 13 janvier. Une manifestation qui intervient après la publication, ce lundi, du baromètre MGEN (Mutuelle générale de l’Éducation nationale), selon lequel près de 30% (29,2%) des Français ont renoncé, au cours des douze derniers mois, à des soins dentaires pour des raisons financières. Ils ne sont que 6,8% à avoir renoncé à une consultation chez un médecin généraliste pour les mêmes raisons.
Un chiffre qui n’étonne pas le docteur Jacques Le Voyer, vice-président de l’Union dentaire, invité ce lundi de Bourdin Direct. “Ce n’est pas surprenant, (ce chiffre) est le reflet d’une prise en charge par l’Assurance maladie qui est en chute libre. Depuis 2008, les complémentaires remboursent plus les frais dentaires que l’Assurance maladie. Les Français renoncent aux prothèses dentaires (bridges, couronnes…), qui ont une valeur de remboursement qui n’a pas varié depuis 2008″.
Et le Dr Voyer de rappeler: “Une prothèse dentaire est remboursé 75,25 euros par l’Assurance maladie. Ça ne rembourse même pas le prix que paie le dentiste au laboratoire de prothèses dentaires. C’est indigent”.
Pour le dentiste, la colère est telle chez ses confrères qu’il parle même de “situation insurrectionnelle”.
“Quand on fait un détartrage on perd de l’argent”
Pour le Dr Voyer, les dentistes “ont raison de se rattraper sur les prothèses dentaires”, seuls moyen selon lui de faire vivre les cabinets. “75% de nos actes sont des soins traditionnels (caries, extractions dentaires…) payées très en deçà de leur prix de revient. Quand on fait un détartrage on perd de l’argent. Si le dentiste ne fait pas de prothèses, son cabinet crame (sic) en deux mois”.
“En France on a un système complètement fou. On ne peut pas continuer à vivre dans un système pareil. Il faut rééquilibrer la valeur des honoraires. Dans le prix de ma prothèse, une partie va servir à combler le déficit des soins. Tout le monde se fiche totalement de la situation”, déplore le dentiste.